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Chroniques BD

La fille de la plage (Inio Asano)

Dans une petite ville de province japonaise, Koume Satô et Isobe Kosuke, collégiens de dernière année découvrent les joies et les plaisirs de l’amour charnel. Cependant, leur relation n’est pas basée sur l’amour mais plutôt sur le partage d’un mal-être. Inio Asano renoue avec le thème de la jeunesse en quête de repères dans un manga érotique de grande qualité (et pas seulement pour son côté érotique). Ma première rencontre avec Inio Asano, mangaka fort apprécié des critiques et du public, fut une franche déception. Pour plus de détails, je vous invite à lire ma chronique de Solanin. Malgré les imprécations de mon confrère Zorg, je n’étais pas vraiment enthousiaste à l’idée de me replonger dans l’une de ses œuvres. Mais, au hasard de la préparation d’une formation, je cherchais des exemples de cette nouvelle BD érotique dont l’approche consiste à intégrer le sexe au sein d’une histoire cohérente plutôt que passer son temps à empiler des situations scabreuses. Après Comtesse d’Aude Picault ou Les Melons de la colère de Bastien Vivès, j’entreprenais la lecture de La fille de la plage avec l’œil froid (enfin froid…) du type pas convaincu. Dans mes souvenirs (j’avoue… j’ai cliqué sur le lien inséré dans mon premier paragraphe), ma principale critique avait porté sur la narration. En revanche, j’avais été plutôt séduit par l’aspect graphique. Dès les premières planches, je suis immédiatement retombé sous le charme d’un univers esthétique évoluant entre douceur et contraste. D’un côté, le décor est très réaliste, quasi-photographique, de l’autre le mangaka propose des personnages aux corps longilignes mais aux visages ronds et expressifs. Ces disparités participent à l’instauration d’une atmosphère toute particulière où nos deux personnages principaux semblent constamment en décalage avec le monde dans lequel ils évoluent. Ce climat permet au récit de prendre toute sa mesure. L’histoire commence quelques heures après leur première relation sexuelle sur une petite plage sans charme. Elle, Koume Sato est une jeune fille ordinaire qui vient de subir une humiliation de la parti du beau gosse du collège. Lui, Isobe Kosuke, n’est pas originaire de la région et ne s’est jamais intégré dans cette petite ville de province. S’ils sont dans le même collège, ils n’ont rien en commun et leur histoire semble même fortement improbable… Mais contrairement à Solanin, j’ai été cette fois séduit et profondément touché par cette relation adolescente. Par la grâce d’une écriture tout en finesse répondant parfaitement à son univers graphique, Inio Asano nous entraine dans son monde où la découverte de la passion charnelle s’accompagne d’une mélancolie profonde. Ici, et surtout dans le premier volume, le sexe devient un moyen de s’échapper du quotidien, d’oublier ce « spleen » qui marque les deux protagonistes. A partir d’une base  simple, le mangaka développe son histoire dans un quasi huis-clos où les personnages secondaires jouent un rôle presque insignifiant. Hormis pour faire rebondir l’histoire, Inio Asano s’appuie surtout sur la relation psychologique entre ses deux héros. Si vers la fin du récit des figures prennent un peu plus de place, il s’agit toujours de mettre en avant cette danse subtile des corps et des esprits de Koume et Isobe. Le lien indéfinissable qui se créé entre eux devient peu à peu plus clair. En terminant la dernière page d’un ultime chapitre particulièrement réussi  – Asano a été l’assistant de Shin Takahashi (Larme Ultime) et il partage visiblement avec son maître l’art de conclure les histoires –  il nous reste une impression de sincérité étonnante et profondément marquante. Une belle réussite qui me permet surtout de prendre enfin la pleine mesure du talent de ce mangaka. Enfin. A découvrir : La fiche album chez Imho A lire : les chroniques d’Yvan et du9 A feuilleter : quelques extraits

La fille de la plage (2 volumes, série terminée) Scénario et dessins : Inio Asano Editions : IMHO, 2015 Éditions originales : Otta Shupan, 2009 Public : Adulte Pour les bibliothécaires : série courte de qualité, certaines scènes un peu crues peuvent heurter les publics jeunes (et leurs parents). Donc, sortez couverts !

Chroniques Cinéma, Recommandé par IDDBD

Chronique | Jasmine (Alain Ughetto)

En 1978, Alain fait du cinéma d’animation en pâte à modeler et Jasmine étudie le théâtre de l’absurde. Ils tombent amoureux. En France, tout est simple mais à la fin de ses études, elle doit repartir en Iran au moment où une Révolution se met en marche. Quelques mois plus tard, il la rejoint à Téhéran. Tous les deux vivent une histoire d’amour singulière dans les heurts du changement. Mais il y a 30 ans, Alain laisse Jasmine et oublie la pâte à modeler.

Quand je tente de présenter le documentaire de création à des profanes, j’explique qu’il s’agit pour le réalisateur de chercher à capter l’instant afin de le retravailler à la manière de n’importe quel cinéaste pour donner sa propre vision du « réel ». Mais dès les premiers instants du film, il apparaît clairement que Jasmine échappe à cette définition très (trop) simple de ce qu’est le cinéma documentaire. Et oui, la création échappe encore aux petites cases du bibliothécaire !

L’angoisse d’une révolution

Ni tout à fait dans la réalité, ni tout à fait dans la fiction, Jasmine nous plonge dans les souvenirs amoureux du réalisateur. Mais des questions se posent : comment raconter le passé ? Comment en faire un documentaire sans images d’époques ? Qu’importe car une autre matière existe, bien présente. De réel, le réalisateur possède les dizaines de lettres envoyées par une jeune femme passionnée se languissant de l’absence de ce français dont elle est tombée amoureuse, la nostalgie et les regrets, les images oubliées en Super 8 ou encore, les archives d’une révolution pleine d’espoir au futur sombre.

La multitude

Quant aux images, comme un symbole, il choisit de les créer lui-même en renouant avec un savoir-faire qu’il avait perdu il y a 30 ans. Une matière « physique » cette fois-ci, une matière charnelle qui prend corps entre les doigts du réalisateur. Ainsi, pendant plus d’une heure, alternant prises de vue « réelles », images d’archives et séquences d’animation d’une beauté esthétique rare, Alain Ughetto raconte cet amour nostalgique et apaisé à l’aide de simple pâte à modeler. Il se met en scène en créant un personnage jaune et installe une  Jasmine bleue à ses côtés. Prenant vie, ces êtres incarnent une réalité, racontent l’Iran de la révolution, les femmes de ce pays, une autre culture et évoquent surtout une déchirure.

Sur les toits d’un Téhéran de polystyrène

Ainsi, bercés par les voix chaudes et profondes de Jean-Pierre Darroussin et Fanzaneh Ramzi, passeurs d’une écriture tout en subtilité, nous voici plongés dans une forme cinématographique bouleversante. A l’image de cette scène d’amour où les personnages et leurs couleurs s’entrelacent dans un jeu de couleur enivrant, ce film repousse sans cesse les limites. Celles d’un genre bien entendu mais aussi du regard sur l’autre.

Jasmine
Réalisateur : Alain Ughetto
Durée : 70′
Production : Les films du Tambour de Soie
Année de production : 2013
Distribution : Shellac Sud

Chroniques BD, Recommandé par IDDBD

Chronique | Cœur de Pierre (Gauthier & Almanza)

Il est né avec un cœur de pierre, elle, avec un cœur d’artichaut… (Synopsis éditeur)

Dans ce présent billet, je souhaitais rendre hommage
A l’écriture poétique de Séverine Gauthier
Qu’elle m’excuse par avance pour les futurs dommages
Et l’écrasement naïf de ses si jolis pieds

Bercé par un élan d’enthousiasme certain
cet album-là ma foi, a bien tout pour me plaire
Il surnage au milieu de ces vagues embruns
de BD jeunesses qui souvent m’indiffèrent.

Au milieu d’une biblio de mon quartier,
je l’ai vue exposé dans sa belle couverture.
Je m’en saisi aussitôt et d’un pas assuré
M’en allait tout gaiement vers sa saine lecture

J’avais entrevu un dessin en rondeur
Qui dès les premières planches se confirma.
Admirant tout autant ses belles couleurs,
j’aimais le travail de Monsieur Almanza

Contant les amours naissants de trois petits cœurs
Le texte était fort simple et touchant à la fois.
D’inspiration rappelant une Mécanique du cœur,
il faisait battre un rythme en tout point délicat

Pas d’excès de paroles dans des phylactères
mais une vraie osmose entre forme et histoire.
Qui malgré des thèmes parfaitement sévères
Saisit le sentiment et notamment l’espoir.

Balancé entre des cœurs d’or et de pierre
On s’identifie, on pleure et on s’inquiète.
Dans cet univers où ombre et lumière
aime à jouer ensemble jusqu’à perdre la tête.

Voici donc mon conseil à toi, ami lecteur :
Oublie donc ce billet qui vaut bien qu’on l’enterre
mais garde les noms de ces très bons auteurs
Gauthier, Almanza et leur Cœur de Pierre.

 

A découvrir : le blog de Séverine Gauthier

Cœur de pierre (one-shot)
Scénario : Séverine Gauthier

Dessins : Jérémie Almanza
Edtions : Delcourt (Jeunesse), 2013

Public : Tout public
Pour les bibliothécaires : Indispensable !

Chroniques BD

Chronique | Sailor Twain ou La Sirène dans l’Hudson (Mark Siegel)

Dans un bar, une jeune femme rencontre un marin. Ils évoquent ensemble le passé et la mort d’une personne. Qui ? Pourquoi ? Quand ? Le marin possède la vérité et décide de tout dévoiler à la simple vue d’un bijou. Quelques années plus tôt, Elijah Twain était le capitaine du Lorelei, un bateau vapeur américain naviguant sur le fleuve Hudson. Un jour, il découvrit une sirène blessé sur le pont. Le début d’une histoire fabuleuse et cruelle…

Nouveau et ancien continents

Mark Siegel est un américain qui a grandi France. Et visiblement, à la lecture de Sailor Twain, on peut légitimement se poser la question de l’impact de cette double culture sur son parcours. Après tout, il est l’un des éditeurs américains de Joann Sfar, Lewis Trondheim ou Emmanuel Guibert. Des auteurs phares de la Nouvelle BD européenne qui ont tous en commun d’avoir su à un moment de leur carrière se réapproprier les mythes et légendes populaires (aventuriers, monstres, saga de l’espace, bateaux volants…) pour nous offrir des œuvres originales. Sailor Twain dont l’action se déroule sur un bateau se nommant le Lorelei (cf la légende ici) assume complètement cette reprise des vieilles légendes. Quant au dessin, il suffit de voir le nez de Lafayette (un français évidemment) pour se rappeler d’Isaac le Pirate et y percevoir une légère filiation. Il faut reconnaître la très bonne qualité du dessin réalisé – il me semble – à la mine de plomb. L’ensemble traits des personnages, cadrages, décors est particulièrement réussi et convient bien à l’atmosphère recherchée.

Mais Mark Siegel ne se contente pas de s’appuyer sur ces références de la vieille Europe. Il y ajoute une part de nouveau monde avec ces grands fleuves et ces bateaux qui ont fait la légende de l’Amérique. Un simple vapeur et le lecteur se replonge immédiatement dans les romans de Mark Twain (non, non c’est un hasard…) et plus largement dans la littérature américaine du XIXe siècle. Une littérature – en tout cas pour les références à Twain – décrivant avec précision et dureté la société américaine de l’époque. D’ailleurs, Mark Siegel a mené un travail de recherche historique titanesque sur cette période.

De la passion aux mystères

Sailor Twain oscille donc constamment entre ces deux eaux (oui bon hein, il fallait que je la fasse) qui constituent le moteur du récit. Entre fantastique et réalisme, l’histoire romantique autour des 4 personnages développés par Mark Siegel est globalement une réussite. Et comme disait la chanson, les histoires d’amour finissent mal en général… surtout quand une sirène est dans le coin et que la passion outrepasse la raison. Mais comment ? Et Pourquoi ? Là est la question comme écrivait ce bon vieux Will Shakespeare qui en connaissait un rayon sur l’affaire. Sailor Twain et son personnage principal nous entraine donc dans une partie de chasse aux indices afin d’élucider les failles dans la normalité. Et c’est dans cet aspect que ce récit trouve toutes ses limites.

À force de s’appuyer sur des références – que je n’ai pas la prétention de toutes capter –  j’ai globalement eu l’impression de déjà-vu/lu/entendu. Même si Mark Siegel a le mérite de proposer quelques trouvailles intéressantes, le risque pour le lecteur est de sentir en filigrane cette broderie de mythes et de légendes. Danger qui n’est pour moi pas éviter. De plus, si les premiers et derniers chapitres sont réussis, on constate une belle descente de rythme au milieu de l’histoire. Elijah et le lecteur commencent à tourner en rond. Le héros cherche, cherche encore, se bat avec ses démons pendant plusieurs dizaines de planches tandis que le lecteur un peu attentif a bien senti les choses venir. Il a déjà 2 ou 3 temps d’avance et commence à regarder où il se trouve… Au milieu… Bon…

Finalement, les retournements de situation sont prévisibles et le lecteur les voit presque arriver avec un certaine forme de soulagement. Quelques planches de moins pour un livre qui en compte presque 400 n’auraient pas été un mal. Mais bon, ça fait moins roman graphique c’est sûr. Non, je ne dénonce pas du tout la course à l’échalote de « plus-mes-livres-sont-gros-plus-on-les-prend-au-sérieux ».Bref, Sailor Twain est une œuvre qui assume ses références et qui saura (et qui a su d’ailleurs) convaincre. C’est une histoire bien dessinée, bien pensé, bien propre… résultat un vrai travail d’orfèvre. Cependant,  il manque ce grain de folie, cette originalité qui est le moteur des grandes œuvres fantastiques. Finalement, rien de bien original dans ces planches même si Sailor Twain demeure une lecture tout à fait agréable… Mais pas inoubliable. L’histoire jugera ma chronique… (ça c’est une phrase qui a la classe pour terminer une chronique, non ?)

A lire : Ah, ça me manquait de n’être pas d’accord avec Mo’, je vous mets sa chronique... et puis celle de Paka, enthousiaste aussi. Je crois être un des seuls à être dubitatif sur ce livre !
A voir : la fiche album sur le site de Gallimard

Sailor Twain ou La Sirène de l’Hudson (one-shot)
Scénario et dessin : Mark Siegel (USA)
Editions : Gallimard, 2013 (25€)

Public : Ados-adultes, fan des mythes, des légendes… et de Tom Sawyer
Pour les bibliothécaires : Succès critique, je reste plus dubitatif sur la pérennité d’un tel livre dans un fonds. Pour moi, une étoile filante.

Chroniques BD, Recommandé par IDDBD

Chronique | Supplément d’âme (Kokor)

Il est anonyme dans la masse, petit homme rondouillard, chapeau mou et petite valise, marchant dans les rues de Dublin. A première vue, on ne dirait pas qu’il vient de trouver une solution aux problèmes de ce monde. Un hasard, un message sur internet, une chaîne universelle qui grandit, des oiseaux sculptés qui envahissent les édifices, la girafe Sophie et surtout cette question qui résonne partout : qui a sauvé le monde ?

Les belles âmes

Supplément d’âme, dernier né du talentueux Kokor, auteur pour lequel nous ne cachons pas notre admiration, est une œuvre chorale. On commence par entendre la voix de notre héros anonyme, narrateur de cette histoire. Puis s’ajoute celle de Willie, une jolie artiste irlandaise et enfin, arrive Camille Desmoulins, un français venu travailler dans une grande firme internationale, divorcé. Trois voix – et voies – qui semblent bien distinctes au départ. Rien ne semble les lier.

 

Et pourtant, comme à son habitude, Kokor joue avec son scénario et son lecteur dans des pistes qui se croisent, où les éléments s’additionnent et s’enrichissent pour constituer au final une seule histoire. Supplément d’âme est un album construit comme cette fameuse solution pour sauver le monde. C’est une histoire multiple devenant unique, une cacophonie scénaristique se transformant par la magie de la bande dessinée en une fable humaniste. Cet album est une auberge espagnole… et irlandaise.

Il s’agit peut-être de sa plus grande faiblesse. C’est le pendant de la grande liberté de ton de Kokor. Plus que d’autres, il travaille souvent sur la corde d’une réalité contrariée, différente, jouant sur les interprétations. Evidemment, le lecteur apporte sa propre besace émotionnelle et Supplément d’âme aura des ressenties très différents selon le lecteur. Ainsi, de mon point de vue, cette histoire résonne d’une façon particulière mais certains d’entre vous resteront à la porte. Trop de symboliques, peu d’explications et un univers qui, par la force de choses, dérangera les plus cartésiens d’entre nous.

Insoutenable légèreté

Mais assurément, Kokor ne peut renier cet album. Il porte sa marque. On retrouve les éléments qui ont fait de Balade Balade ou des Voyages du Docteur Gulliver des albums à part dans le paysage de la BD. Cet auteur distribue de la légèreté avec délice. Et même dans les instants difficiles, il y a un éclat dans les yeux des personnages, une parole, une situation permettant de voir le bon côté de la vie. Quand les êtres courent après le temps, la solitude ou l’abandon permettent de réfléchir sur soi-même, de prendre ce temps qui manque, de penser au détail. Car dans cet univers, le moindre élément peut prendre une grande importance. Je ne dévoilerai rien de l’intrigue mais notre personnage solitaire est finalement bien entouré. Et je ne parle même pas de Willie et Camille

Dans cet esprit, Kokor écrit une histoire où l’insouciance traverse constamment les planches. Alternant moments de silences contemplatifs, dialogues surréalistes et réflexions sur notre rapport aux autres, Supplément d’âme en devient une sorte de fable universelle qui la rapproche un peu des œuvres de poètes comme Prévert, Tati ou Sempé. Si l’histoire se passe à Dublin, elle aurait pu se dérouler au Havre, Copenhague, Kyoto ou Johannesburg. Peu importe le lieu car la mise en scène, le côté clownesque des personnages, leur regard amusé sur les événements, le rire, l’esprit, tout est là pour raconter cette belle histoire. Nous n’avons plus qu’à nous laisser porter par un graphisme somptueux. J’ai lu beaucoup d’album de cet auteur et pourtant, j’ai été particulièrement surpris par ses planches. Non seulement, il livre un travail technique varié (classique, figuratifs, croquis) mais il multiplie les lieux (mer, ville, atelier, gratte-ciel, bureau, rue…) tout en créant des atmosphères très disparates par son travail sur la couleur. Depuis Les Voyages du Dr Gulliver, je reste particulièrement amateur de ses bleus. Et justement cette couleur, c’est le ciel et la mer, la liberté, le rêve… Assis face à l’océan, le personnage principal se noie dans l’azur en devenant homme-oiseau (selon Willie) ou homme-poisson (selon Camille) et nous emporte tous, lecteurs et personnages, avec lui.

En finissant cette chronique, je jette un œil aux paragraphes précédents. Encore une fois, je me laisse emporter par l’enthousiasme… mais quel bel album ! Kokor aime les fables humanistes, aime nous faire voyager dans son univers où même les choses graves ne le sont pas vraiment. Émouvant cet album est une grande réussite. Graphiquement, on joue ici dans la cour des très grands. En espérant que grâce à cette œuvre, Kokor son auteur gagne enfin la reconnaissance publique qu’il mérite depuis longtemps. En tout cas, on vous recommande ce Supplément d’âme !

A lire : la chronique de Mo’ et celle de Paka
A voir : la fiche album sur le site de Futuropolis

Supplément d’âme (one-shot)
Scénario et dessins : Alain Kokor
Éditions : Futuropolis, 2012 (19€)

Public : Ado-adulte
Pour les bibliothécaires : L’une de ses oeuvres les plus accessibles. Digne d’une bonne bédéthèque !

Chroniques BD

Chronique | Le Bleu est une couleur chaude

scénario et dessins de Julie Maroh Editions Glénat (2010) Public : A partir de 15/16 ans Pour les bibliothécaires : cet album fait tout simplement partie de ma bédéthèque idéale. Comme ça c’est réglé. Prix du public Angoulême 2011 (14,90€)

« Si j’avais été un garçon, Clém’ serait tombé amoureuse de moi quand même… »

Clémentine a 15 ans et se rend à son premier rendez-vous galant lorsqu’elle croise une jeune femme aux cheveux bleus dans la rue. Quelques mois plus tard, alors qu’elle est entrainée dans un bar gay par son meilleur ami, elle la retrouve. Elle s’appelle Emma. C’est un coup de foudre et  le début d’une histoire d’amour à la fois douloureuse et profonde entre les deux jeunes femmes… J’ai la faiblesse de croire que les livres peuvent changer l’existence des gens, de croire que l’imagination et la créativité peuvent être plus fort que mille discours moraux. Je suis persuadé que des albums comme Le Bleu est une couleur chaude peuvent apporter des réponses ou apaiser des jeunes gens qui luttent contre leur propre nature, parce qu’elle n’est pas « bien », parce qu’elle n’est pas « normale ». Pourtant, je n’ai pas non plus l’impression que cette BD ait été écrite pour prouver ou démontrer quoique se soit mais bien dans le seul but de raconter une histoire. Le Bleu est une couleur chaude est une simple histoire d’amour, plus compliquée que les autres c’est vrai, mais qui n’en demeure pas moins véritable et terriblement humaine. Cette BD n’est pas militante par son approche, elle l’est par la justesse de ses propos. Julie Maroh réussit à dépasser cette soi-disant différence pour nous montrer un véritable amour romantique. Ici, il n’est pas question de soleil illuminant les champs de blé ni de chamallows grillés au coin du feu, dans ce récit tout est digne malgré la réalité qui n’épargne pas les amours outrageants. Au bout, les sentiments affluent comme une vague… bleu évidemment. En lisant Le Bleu est une couleur chaude, vous passerez par tous les états possible. Cet album fait parti de ces œuvres qui, par on ne sait quelle magie, réussissent l’exploit de former un tout, une copie presque parfaite de l’existence, où durant quelques pages se mélangent la vie et la mort, la renaissance et l’éternité, la joie, les peines, les déceptions… Tout cela est rendu possible par les qualités d’écriture indéniables de Julie Maroh. Son style est impeccable, clair, son scénario alterne les phases d’emballement et de calmes, laissant les silences, l’attente et les sentiments s’installer. Côté graphisme, elle étonne en mélangeant des influences assez classiques (sa bichromie bleu/noir et son trait me rappelle dans une certaine mesure les Sambre de Yslaire) et une part d’onirisme magnifique (des planches pleines pages de toute beauté). Cet album, outre son titre, n’est pas non plus sans rappeler Blue, le chef d’œuvre de la mangaka de Kiriko Nananan. On y retrouve le même plaisir du silence, la même finesse de trait, la même volonté intimiste, la même force surtout.   Si je voulais être pénible, je dirais que Julie Maroh n’a pas encore donné toute la mesure de son talent. On peut en effet discuter de certains passages, moins brillant sur le plan graphique et/ou narratif. Mais incontestablement, avec ce premier album – son premier album – elle entre directement dans l’antichambre des grands. Si je voulais m’avancer, ses qualités graphiques et surtout d’écriture lui permettront sans doute de signer des œuvres de très hautes qualités, à la hauteur d’un Fred Peeters ou d’un Larcenet. Il suffit de lire Blast ou Lupus pour vous faire une idée de mon point de vue. Maintenant la patience est de mise. En attendant, je vous invite à relire et à faire lire cet album rare. Le Bleu est une couleur chaude a reçu le prix du public au FIBD d’Angoulême en 2011. Cet album m’ayant été conseillé par Mo’, Choco (et mon Padawan, elle se reconnaitra) il entre donc dans le challenge Pal Sèches de Mo’ (ouf plus que 2 !). Et comme Julie Maroh est une bien jolie fille, il entre également dans le cadre du challenge Women BD de Théoma. Et zou ! A découvrir : le très beau blog de Julie Maroh A voir : toujours sur le site de Julie Maroh, l’émission Un Monde de Bulles consacré à l’homosexualité dans la BD A lire : la critique de Ginie sur B&O, celle de Mo‘ et tiens celle de Choco aussi !

Chroniques BD

Chronique | Le jeu du chat et de la souris

scénario et dessins de Setona Mizushiro
2 volumes (série terminé ??)
Editions Asuka, 2010(collection Shojo)
Edition originale Shogakukan, 2009
Public : adulte de + 18 ans
Pour les bibliothécaires : un très bon Yaoi, série à avoir dans son fonds (malgré des scènes très explicites)

Petit jeu entre amis

Le manga, c’est autant de genres que de catégories de personnes. Le manga, il y en a pour tous les goûts : le seinen pour les adultes, le josei pour les femmes, le gekiga pour les amateurs de romans graphiques, les shonen pour les garçons, le shojo pour les filles… Et puis il existe encore des sous-catégories comme le yaoi et le yuri… Question à deux euros cinquante : c’est quoi ? Les œuvres traitant de l’homosexualité, féminine avec le yuri, masculine avec le yaoi.

Si j’ai eu l’occasion de lire et de vous parler de yuri avec notamment l’excellentissime Blue de Kiriko Nananan et Love my life de Ebine Yamaji, je n’avais jamais abordé la thématique de l’homosexualité masculine ni dans mes lectures ni dans mes chroniques… Pourquoi ? Je pourrais trouver des explications métaphysiques mais je m’arrêterai au côté gênant et masculin de la chose. Ce n’est pas glorieux je sais. Mais le hasard et une nécessaire lecture professionnelle m’a obligé à ouvrir le premier volume de cette série courte (deux exemplaires) mais efficace et suprenante.

L’histoire est assez simple (quoiqu’un peu tordue). Kyoïchi n’est pas un époux très fidèle au point que son épouse engage un privé pour le suivre. Ce dernier n’est autre qu’Imagase, un ancien camarade de fac, qui lui propose de négocier afin de ne pas dévoiler ses informations compromettantes : il veut son corps… Débute alors une relation étrange faite de rejet et d’amour…

En me renseignant sur les yaoi, je me suis aperçu que leur principal défaut est ce côté un peu mièvre, fleur bleue, romantique qu’on retrouve très souvent chez les mauvais shojo… Bon, il faut dire qu’ils sont justement destinés au public féminin (au contraire des yuri qui sont plus grand public). Et effectivement, le côté « je me prends la tête pendant 15 pages pour te dire que oui mais bon tu comprends » apparaît assez régulièrement. Toutefois, je ne me suis pas ennuyé lors de cette lecture. J’ai même lu les deux volumes d’une traite c’est dire !.

Le dessin est d’un classicisme efficace mais jamais chargé, le découpage est rythmé. Les personnages ne sont pas non plus des caricatures du gay. Kyoïchi n’est certes pas Ryo Saeba (Nicky Larson) mais il est très masculin et Imagase n’est pas Renato dans la Cage aux folles. Si les scènes de sexes sont très crues, elles ne sont pas pour autant vulgaire mais forte en émotion et toujours justifié dans le fil du récit.

Mais l’intérêt de l’histoire, bien plus que la relation amoureuse, c’est le personnage de Kyoïchi. Comment va-t-il évoluer ? Hétéro convaincu et marié, peut-il admettre son homosexualité ? L’est-il vraiment ? Le serait-il s’il n’avait pas rencontré Imagasé ? Toutes ces questions sont le véritable fil rouge du récit. Finalement, on regarde les choses se faire, les comportements évoluer et les sentiments changer. Tout cela avec beaucoup de finesse.

Bref, une lecture très agréable (et courte) pour découvrir un pan de la culture manga que je ne connaissais pas encore. Une très « belle » œuvre, à conseiller…

A lire : la critique sur manga-news

Chroniques BD

Chronique | Comédie Sentimentale Pornographique

scénario et dessin Jimmy Beaulieu (Québec)
Editions Delcourt (2011)
Collection Shamphooing
Public : Adultes
Pour les bibliothécaires : un très bon album d’un auteur québécois. Pas essentiel dans un fonds moyen.

Histoire de Q

Je ne partage pas vraiment l’enthousiasme des foules sur le retour de la BD érotique. C’est vrai que  ça revient à la mode, d’ailleurs même les éditeurs de BD bien commerciales vendues chez Carrefour entre les légumes et les pots de haricots verts (bios de préférence) s’y sont récemment remis… Comme quoi les popotins, ça marche toujours.
Bref, c’est vous dire, si le titre « Comédie sentimentale pornographique » ne me donnait pas franchement envie de découvrir pour la première fois l’œuvre du québécois Jimmy Beaulieu.
Mais ne cherchez pas, en ce moment je suis difficile.
La preuve, j’avais tord.

Comédie Sentimentale Pornographique est même une très agréable découverte. Je ne sais pas dans quelle mesure Jimmy Beaulieu a été influencé par la « Nouvelle BD » européenne mais une chose est sûre, son album entre dans la droite ligne éditoriale de la collection dirigée par Trondheim. On retrouve un trait faussement simpliste, très énergique et expressif. Jimmy Beaulieu fait surtout preuve d’un réel talent d’écriture. Il fait cohabiter deux histoires qui ont uniquement deux points communs : une femme et un livre. La femme c’est Corrine, petite amie de Louis Dubois, réalisateur de film pour l’argent et auteur de BD pour le plaisir. Tous les deux sont fans des romans de Martin Gariépy, lui-même amoureux d’une lesbienne nommée Annie qui est en fait l’ex de …. Corrine ! Ah oui, j’oubliais, Louis quitte Montréal pour s’affranchir de la civilisation dans un hôtel perdu (qu’il vient d’acheter) d’une région perdue.

Comédie sentimentale pornographique est donc une suite de scènes et une série de portraits liées par ces hypothétiques fils rouges que sont l’amour, les souvenirs, les fantasmes, une sexualité très assumée. Mais ici, le sexe n’est pas bardé de toute moralité ou immoralité. Il est vécu bien simplement, à la fois comme plaisir, dialogue et terreau de créativité. En fait, l’album est bien plus « érotique » que « pornographique ». Car la créativité est aussi un thème récurrent de cet album. Entre l’écrivain et le dessinateur, l’un se nourrissant du souvenir fantasmagoriques de la petite amie de l’autre, la différence n’est finalement pas si grande. La présence d’un extrait du roman écrit par Martin à chaque début de chapitre fait écho à l’une des scènes où Louis parle de son travail à Corrine.

Je ne résiste pas à vous retranscrire le dialogue :

–    Sérieux ! J’comprends pas pourquoi tu t’entêtes à faire un nouveau livre ! T’en as déjà fait 10000 !
–    Pffff ! C’est du dessin ! ça intéresse personne! Les gens veulent qu’on leur raconte des histoires!
–    Mais c’est super beau !
–    Beau, beau… on s’en fout que ce soit beau… il y tellement plus que ça dans le dessin quand on a appris à regarder au-delà de la surface.

Si au début de l’album on se dit : où va-t-on ? On se laisse entrainer peu à peu par ces vagues de sentiments et de situations contradictoires. C’est très plaisant de parcourir les envies et les sentiments de ces personnages. Et pour reprendre les propos de Louis, sous le vernis du dessin érotique on trouve une grande pudeur chez des personnages auxquels on s’attache très rapidement. Si tous ont des manières différentes de chercher, tous sont en quête de sens  par l’écriture, l’isolement ou l’amour.

Pour conclure, Jimmy Beaulieu rejoint la longue liste des auteurs de BD québécois que je relirais avec plaisir ! Avec Comédie sentimentale pornographique, il signe un album d’une extrême finesse où vulgarité et voyeurisme sont complètement absents. Un très bel album où poésie et onirisme règnent en maître. Merci à Babelio et à leur opération Masse Critique de m’avoir fait découvrir cet album !

A découvrir : le blog de Jimmy Beaulieu

A lire : la chronique de Sud-Ouest

A lire : un entretien (rapide) avec Jimmy Beaulieu

A noter : cette chronique a été faite dans le cadre de l’opération Masse Critique de BabelioCliquez ici pour voir les autres critiques sur cet album

Chroniques BD

Chronique | Sarah Cole, une histoire d’amour d’un certain type

scénario et dessins de Grégory Mardon
d’après la nouvelle de Russell Banks
éditions Futuropolis (2010)
Public : adulte
Pour les bibliothécaires : Grégory Mardon, auteur peu reconnu mais toujours très bon. Une valeur sûre !

Le Prince et la grenouille

Il est beau, musclé, calme, intelligent, riche et célibataire depuis peu. Le soir, il traine souvent dans ces bars huppés où se rencontre avocats et courtiers en bourse. Elle, la quarantaine, pas vraiment une gagnante de concours de beauté, divorcé, 3 enfants, une attitude qui cache difficilement son milieu social, populaire évidemment. Pour oublier la solitude et son boulot de mise en carton dans une imprimerie, elle sort avec ses copines. D’habitude, elle évite ce genre de bar huppé où se mêlent avocats et courtiers en bourse…

Grégory Mardon fait partie de ces auteurs peu connus des médias mais impeccablement régulier dans la qualité de leur travail. Je l’avais découvert avec Vagues à l’âme en 2000, récit biographique et imaginaire de son grand-père marin, un récit assez proche de Big Fish de Tim Burton. Depuis, c’est toujours avec plaisir que je découvre ses œuvres (Corps à Corps, Leçon de choses, Incognito…). Ici, Grégory Mardon s’attaque à l’adaptation d’une nouvelle très connue de Russel Banks, grand auteur américain dont l’un des thèmes de prédilection est la description du monde du petit peuple. Bref, c’est dire si le travail n’était pas aisé.

Dans ces cas-là, le plus difficile est de ne pas se laisser manger par l’œuvre originale. Or, Grégory Mardon évite cet écueil en très bon scénariste qu’il est. Comment ? Tout simplement en  en faisant le moins possible. Ici, les silences sont de rigueur et le trait, doublé d’un sens de la mise en scène et du découpage très précis, fait le reste. Les regards en biais, les sourires en coin, l’isolement de l’un et la vulgarité de l’autre, la lâcheté aussi… Tout cela est mis en exergue par une succession de cases, bien pensées, bien posées, silencieuses. Et c’est ainsi que les mots prononcés prennent sens dans la bouche des deux protagonistes jusqu’au moment où le monde des apparences et les fossés sociaux sont les plus forts. Les contes de fées sont pour les autres, ici, dans le monde de Russell Banks, et par appropriation dans celui de Grégory Mardon, les princes n’embrassent pas les grenouilles ou alors, c’est juste sous le coup d’une inspiration malsaine ou par pitié… jusqu’au moment où il se reveille de sa gueule de bois.

Encore une fois, Grégory Mardon est juste sur toute la ligne. Une très belle adaptation littéraire dans la lignée d’album comme Shutter Island ou Pauvres z’héros. Sans trop en faire, il restitue parfaitement l’atmosphère de cette étonnante et poignante nouvelle de Russell Banks.

A découvrir : la fiche album sur le blog Futuropolis
A lire : pour preuve qu’on ne dit pas toujours que des imbécilités sur IDDBD, voici la chronique du blog du journal Le Monde


A noter (encore une fois) : Sarah Cole
fera l’objet d’une présentation (par votre humble serviteur) lors de la soirée Rentrée Littéraire du 5 novembre 2010 à la librairie La Compagnie des Livres à Vernon (27). N’hésitez pas si vous passez dans le coin (20h30 !). J’y présenterai également Château de Sable et Fais péter les basses, Bruno !

Chroniques BD

Eloge de l’autre

L’autre laideur l’autre folie (scénario et dessins de Marc Malès, collection Tohu-Bohu, éditions Les Humanoïdes associés)

Tout commence par un dessin au style retro, mélange de comics des années 30-40 et de José Munoz pour son utilisation du noir et blanc.
Ça continue par une émission, rétro également, de la télévision américaine évoquant une ancienne star de la radio des années 30 et de son étrange disparition. Puis, une femme âgée arpente en compagnie de sa fille le quai désert d’une gare oubliée au beau milieu d’un trou perdu des Etats-Unis.
Finalement, c’est un souvenir. Celui d’une rencontre peu banale entre deux êtres perdus, l’un fuyant sa douleur, l’autre son image. L’un sur les chemins, l’autre cloîtrée dans une maison sans miroir.

Dans tout ce que l’on peut lire, et je ne parle pas seulement de BD, il y a des choses que l’on aime mais que l’on oubliera, d’autres que l’on adore et qu’on garde pour soi et puis il y a ce genre de merveilles, des livres à part découvert au hasard, des livres qui résonnent en vous et qui rejoignent votre patrimoine personnel. Des œuvres parfois perdues dans les étagères d’une librairie, dans un carton ou qui vous attendent sous votre nez depuis des mois, voire des années. J’ai attendu longtemps avant d’ouvrir L’autre laideur l’autre folie. J’avais tort.

Je me demande encore comment un auteur comme Marc Malès fait pour regrouper autant de qualités et de talent dans 120 pages : finesse de l’écriture, dessin totalement maitrisé servant au-delà de toute espérance son récit et donnant une humanité « physique » à ses personnages, construction du récit ciselé, histoire magnifique, psychologie des personnages poussé au point qu’on se demande si ce n’est pas du vécu. Mais surtout, plus que toutes ses qualités un peu « technique« , c’est cette incroyable alchimie dégageant une atmosphère, une mélancolie, une poésie profonde et touchante. Poésie qui personnellement me ramène inexorablement vers des œuvres telles que Sur la route de Madison ou plus récemment The Hours. Sans grand effet de style, ni effusion de sentiments, nous voici submergés par des vagues d’émotions contradictoires.

Vous l’aurez compris, L’autre laideur l’autre folie est un album marquant, magnifique, beau et triste, optimiste et désespérant. Marc Malès a tenté de réunir les tourments, les peurs, les tristesses mais aussi les espoirs de l’âme humaine. S’il est présomptueux de vouloir réussir ce tour de force, on doit admettre qu’il l’a effleuré du doigt. C’est une définition d’un chef d’œuvre.

A lire : les chroniques sur Sceneario.com et sur BDselection.com

A écouter : Philipp Glass signant la BO de The Hours.

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