Après avoir posée les jalons d’une bande dessinée moderne pour un public adulte, l’édition du 9e art se développe autour de grandes figures et voit apparaître une dynamique de création entre éditeurs alternatifs et auteurs exigeant. Le grand public découvre alors des œuvres nouvelles et se les approprient, devenant ainsi de nouveaux standards.

L’âge moderne de la BD américaine

Les dynamiteurs

L’âge de bronze des comics books a vu un assouplissement des modes de diffusion et de format du genre. Mini-séries et librairies spécialisées ouvrent à de nouveaux auteurs.  Le plus marquant est sans aucun doute le scénariste Alan Moore. Anglais, il commence la publication en 1982 de V pour Vendetta. Cette dystopie politique qui voit dans une Angleterre dominée par un régime fasciste l’apparition d’un mystérieux justicier porteur d’un masque est une critique à peine voilée des années Thatcher. Cette publication lui permet d’entrer chez DC Comics qui lui propose de reprendre Swamp Thing, une série d’horreur qu’il va revisiter. Il obtient un succès immédiat avant de proposer ce qui est considérée comme sa plus grande réussite : Watchmen. Après l’assassinat de l’un d’entre eux, une vieille équipe de super-héros sort de sa retraite pour empêcher une destruction apocalyptique. Avec érudition, Alan Moore interroge la figure du super-héros, sa place dans la société. Elle marque l’imaginaire des comics books comme une œuvre sombre, exigeante, excluant naturellement un public non mature. Frank Miller est tout aussi important que son collègue anglais. D’abord reconnu pour son travail sur le personnage de Daredevil, il publie The Dark Kinght returns en 1986. Dans ce graphic novel, il met en scène un Batman vieillisant, brutal et alcoolique face à la pègre régnant sur la ville de Gotham City. D’une incroyable maturité, cette œuvre marque un tournant dans l’histoire de la bande dessinée américaine. Miller est influencé par le manga (c’est un admirateur de Lone Wolf and Cub) dans ses cadrages, sa composition et le rythme de son histoire. Creusant profondément la psychologie de ses personnages, il entraine ses lecteurs dans les bas-fonds de l’âme humaine. Les œuvres suivantes telles que Sin City confirment toutes ses qualités et sa grande maîtrise du noir et blanc. Les spécialistes de la bande dessinée américaine considère, 1986, l’année de publication de Watchmen et The Dark Knights returns (et de Crisis of infinite earth, la réinvention complète de l’univers DC), comme l’entrée des comics dans l’âge moderne.

Renouvellement de l’édition américaine (1986…)

L’âge moderne s’ouvre sur la création de nouveaux éditeurs dans la galaxie du mainstream. En 1986, Dark Horse comics est fondé par Mike Richardson. La maison d’édition publie au départ des adaptations de licence (Alien, Predator, Star Wars…) mais se tourne très vite vers des créations originales. On retrouve notamment à son catalogue des séries importantes (Sin City de Frank Miller, Hellboy de Mike Mignola, 30 jours de nuit de Ben Templesmith et Steve Niles), des auteurs majeurs (Will Eisner, Neil Gaiman) et les premières parutions américaines des mangas Ghost in the Shell (Masamune Shirow) et Lone Wolf and Cub (Kazuo Koike et Goseki Kojima). En 1992, 7 auteurs importants de la société Marvel réclament une amélioration de leur statut de créateur. Devant l’opposition rencontrée, Todd McFarlane, Jim Lee, Erik Larsen, Rob Liefeld, Marc Silvestri, Whilce Portacio et Jim Valentino fondent Images comics l’année suivante avec deux grands principes : la société ne détient pas le travail d’un créateur, un auteur n’intervient jamais sur le travail d’un autre. D’Europe, ce conflit peut paraître saugrenu. Cependant aux Etats-Unis, il est de tradition que le personnage n’appartienne pas aux auteurs mais aux maisons d’édition. Les conflits ne sont pas rares (on pense à l’affaire Kirby…). La décision de ces 6 dessinateurs est donc une petite révolution et influence d’autres éditeurs (Dark Horse Comics). Composé de studios indépendants (Top Cow, Wildstorm, Todd McFarlane Productions…), la maison d’édition connaît des succès fluctuants (en raison surtout d’un manque de scénario efficaces) mais se place très vite comme un acteur important de l’édition mainstream. Rejoint par d’autres créateurs, Images Comics est notamment l’éditeur du succès mondial : The Walking Dead. Dans la continuité des grands éditeurs alternatifs, et à l’image de ce qui se passe au même moment en Europe, de nouvelles maisons naissent durant les années 1990-2000. L’éditeur canadien anglophone Drawn & Quaterly (1990), Top Shelf de Seattle (1997) ou les québécois La Pastèque (1998) (francophone) s’inscrivent dans la continuité de Fantagraphics Books en publiant les graphic novel des auteurs de la nouvelle génération (Julie Doucet, Craig Thompson, Debbie Dreschler, Joe Matt, Jeffrey Brown…) tout en subissant la concurrence de grandes maisons d’éditions généralistes. Là encore, un point commun avec la situation en Europe. Devant les évolutions du récit et le succès d’auteurs comme Alan Moore ou Frank Miller, les deux grands éditeurs ne se contentent pas de gérer leurs catalogues de super-héros. En 1993, DC Comics créé le label Vertigo. Séries courtes, histoires violentes ou profondes, souvent critiques sur la société américaine, les titres de ce label sont un véritable pont entre le mainstream et l’alternatif. Elles portent même le nom de « graphic novel ». Elle compte parmi les toutes meilleures séries américaines d’aventures et de fantastiques notamment Sandman (Neil Gaiman), Preacher, Saga, Transmetropolitan, DMZ ou Fables… Toutes de parfaites réussites éditoriales et une bande dessinée qui se rapproche de sa cousine européenne.

Un renouvellement de la BD européenne

Au-delà de la tradition : nouveaux poids lourds de l’édition grand public

À l’image des Etats-Unis, les années 70 et 80 voient apparaître en France plusieurs nouveaux éditeurs « mainstream ». Ils n’ont pas dans l’idée de promouvoir le patrimoine ou la bande dessinée d’auteur, comme Futuropolis par exemple, mais s’inscrivent plus dans une démarche de développement d’un catalogue de nouveautés et veulent s’imposer face aux éditeurs historiques belges (Le Lombard, Dupuis, Dargaud…). Journalistes, critiques (comme Jacques Glénat ou Guy Delcourt) ou libraires (comme Mourad Boudjellal), ces nouveaux entrepreneurs proviennent du monde de la BD. La première d’entre elle est Glénat. Fondée en 1969, elle monte en puissance dans les années 1970/1980 grâce aux succès des albums des collections « Vécu » et « Caractères ». Bandes dessinées au style académique, elles mélangent aventures et histoires (fantastiques pour certaines). Si on a pu reprocher le caractère standardisé de quelques séries, la plupart sont devenues des classiques : Les Sept vies de l’Epervier (Cothias & Juillard), Les chemins de Malefosse (Bardet & Dermaut), Les tours de Bois-Maury (Herman), Louis La Guigne (Giroud & Dethorey), Sasmira (Vicomte), Les Eaux de Mortelune (Cothias & Adamov), Sambre (Yslaire)… Si Glénat s’installe durablement dans le paysage éditorial francophone, sa grande réussite vient d’Asie. Quand Jacques Glénat revient du Japon en 1990 avec le manga Akira dans ses bagages, le monde de la bande dessinée est dubitatif. Les essais de parutions dans les années 80 ne plaident pas en faveur de l’éditeur grenoblois. Et pourtant… Le succès critique est au rendez-vous. D’un point de vue commercial, l’édition en fascicule couleur traduite de la version américaine n’est pas vraiment une réussite mais les professionnels et le public sont prêts. Avec Dragon Ball, c’est le début de l’explosion du manga en France… avec un Glénat leader du marché pendant 20 ans. A la fin des années 80. Soleil productions et Delcourt sont deux nouveaux acteurs qui surfent sur la vague de la bande dessinée fantastique. Soleil est basé à Toulon. Après avoir édité des classiques de la BD (Rahan), Mourad Boudjellal met en avant les auteurs du Sud de la France et constitue très rapidement un énorme catalogue d’Heroic-Fantasy, notamment autour de l’œuvre de Scotch Arleston, créateur de Lanfeust de Troy. La sortie de ce dernier en 1994 marque vraiment le décollage de cette maison d’édition qui aime bousculer les habitudes (au risque de s’attirer de nombreuses critiques). Sur le même créneau éditorial, Guy Delcourt développe rapidement un catalogue entre fantasy (par sa fameuse collection Terres de Légendes) et science-fiction (collection Neopolis). Professeur à l’école de BD d’Angoulême, il repère des jeunes auteurs dont Alain Ayrolles et Jean-Luc Masbou (auteurs de De Capes et de crocs), Turf (La Nef des fous) ou Mazan (Dans l’cochon tout est bon). Très vite, Delcourt comprend l’intérêt de publier des auteurs étrangers à la fois grand public et alternatifs. Le catalogue se fait très généraliste entre Alan Moore, Dave McKean, The Walking Dead, Star Wars et les publications de la collection Akata, dédiées au manga (Nana de Aï Yazawa).

L’émergence et le succès des « indés »

A la fin des années 80, la crise de l’édition laisse orphelin une bonne partie des jeunes auteurs alternatifs qui ne trouvent aucun point de chute pour leurs œuvres atypiques. Si, en cherchant à étoffer son catalogue de publications adultes, Dupuis créé la collection Aire Libre en 1988 (sous la direction de Jean Van Hamme), cette dernière repose sur des auteurs déjà chevronnés (Herman, Van Hamme, Griffo, Cosey, Marvano…). C’est pourquoi, en 1990, 7 jeunes auteurs se lancent dans l’aventure de l’édition : Lewis Trondheim, Killofer, Stanislas, Mokeit, Mattt Konture, David B., Jean-Christophe Menu. Leur nom est particulièrement simple : L’Association. Cette structure, par et pour les auteurs, constitue sans aucun doute l’exemple le plus flagrant de l’émergence d’une édition alternative dynamique dans la période 1990-2000. Les éditeurs « indés » se multiplient et proposent de nouvelles orientations éditoriales bien loin des préoccupations des grands groupes : Cornélius (1991), Les requins marteaux (1991), Ego Comme X (1993) ou 6 pieds sous terre (1995) sont autant de nouveaux éditeurs qui se situent dans le même mouvement. Catalogue ambitieux, livres luxueux aux formats nouveaux hors des standards du 48CC, plateformes de réflexion autour du média (l’Association sera à l’origine de la création de la création de l’OuBAPo en 1992, création des revues Lapin, Jade ou L’éprouvette). Le succès prend peu à peu et donne un nouveau souffle à la bande dessinée qui connaît un nouvel âge d’or éditorial, sans limite de pages, sans produits formatés… pour un temps.

Génération montante et irruption du réel

Le phénomène Persepolis

Le point culminant de ce mouvement indépendant est la publication en 2000 de Persépolis de Marjane Satrapi. A la fois réussite critique et commerciale, ce récit autobiographique d’une adolescence iranienne change véritablement le regard sur la bande dessinée adulte. L’œuvre de Marjane Satrapi marque par sa justesse, par les thématiques et les questions qu’elle pose sur la grande histoire de son pays mais aussi sur la construction de soi, sur la conservation de son intégrité et de ses valeurs. Conforté par la réussite du film (réalisé avec Vincent Paronnaud), ce livre est le détonateur d’une véritable reconnaissance de la bande dessinée par les autres milieux artistiques. Mais, en prenant du recul, on constate que ce succès est indirectement le fruit du travail des auteurs de la génération des années 1990. Marjane Satrapi est accueillie en France par les membres de L’Association et s’inspire du dessin de David B. Elle bénéficie surtout d’un climat éditorial favorable qui a préparé le grand public à recevoir une œuvre de cette ampleur.

La Nouvelle Bande Dessinée

La bande dessinée connaît à son tour un renouvellement profond de son esprit. En 2003, le journaliste Hugues Dayez publie un livre d’entretiens avec 8 auteurs de bande dessinée qu’il intitule « La Nouvelle Bande dessinée ». Sous le clin d’œil évident à la « Nouvelle Vague » du cinéma, il marque l’émergence d’un style qui prend peu à peu la place. Christophe Blain, Blutch, David B., Philippe Dupuy & Charles Berberian, Emmanuel Guibert, Pascal Rabaté et Joan Sfar sont autant de représentants de ces nouveaux auteurs. Certains travaillent ensemble dans l’Atelier des Vosges, d’autres sont issus des pages de Fluide Glacial. Ces auteurs ont en commun leur âge. Nés dans les années 60-70, ils ont donc grandit dans la période de l’émergence des grandes revues et auteurs majeurs de l’époque et sont donc des lecteurs d’Astérix, Gotlib, Charlie Mensuel ou Moebius. Leur rapport au média, notamment au dessin, est donc très fort, presque vital pour certains. De plus, ils possèdent une grande culture du média et ont pleinement conscience de son potentiel narratif. Ils sont avant tout là pour raconter des histoires. Mais le plus important, quand les précédentes générations étaient devenues scénaristes ou dessinateurs un peu par hasard, les représentants de la Nouvelle BD avaient comme objectif d’être des professionnels de la bande dessinée à part entière.

La mort du héros, l’irruption du réel

Avant tout, la rupture est thématique. L’éclosion de cette nouvelle génération marque la fin du « héros ». Ni plus grand, plus beau, plus fort plus bête ou farfelue que les autres, le personnage devient Monsieur ou Madame tout le monde (Monsieur Jean), petit animal ou monstre (Le Chat du Rabbin), voire l’auteur lui-même (Journal de Fabrice Neaud, Carnets de Joann Sfar). Ainsi, c’est l’ouverture vers une représentation du réel, du quotidien avec tous les doutes inhérents et l’arrivée en France de nouveaux genres : intimité, biographie, autobiographie, carnets et un recentrage sur la volonté de « raconter une histoire », le héros ne prenant plus toute la place. Dans ce même élan, la « BD reportage » ou « BD documentaire » connaît un succès grandissant notamment à partir de La Revue Dessinée ou la Revue XXI. Forme attribuée au journaliste et dessinateur américain Joe Sacco en 1996 (Palestine : une nation occupée), elle traduit une nouvelle approche du média. Au départ militante (avec des auteurs comme Etienne Davodeau ou Philippe Squarzoni), elle prend aujourd’hui le parti d’essayer de témoigner d’une forme de réalité (se rapprochant ainsi du cinéma documentaire de création).

La récupération des nouveaux formats

Avec le succès des indépendants, les grandes maisons d’édition BD, mais aussi généralistes comme Gallimard (qui a racheté Futuropolis en 1989) ou Actes Sud, comprennent bien l’intérêt de faire évoluer leur offre. Ainsi, de nouvelles collections et des partenariats fleurissent sur le marché français : Ecritures chez Casterman, Bayou ou Futuropolis chez Gallimard, Shampooing chez Delcourt. Certaines de ces collections sont dirigées par les auteurs de la Nouvelle BD. Chez Dargaud, la collection Poisson Pilote est un hommage moderne au magazine culte « Pilote ». Dirigé par Guy Vidal (ancien rédacteur en chef de la revue), elle offre une place pour les auteurs de cette nouvelle génération : Trondheim y publie Lapinot, Sfar son Chat du Rabbin, tandis que Manu Larcenet, auteur important de Fluide Glacial édite plusieurs de ses livres. Cette filiation ancien/moderne est très révélatrice des modifications profondes de la bande dessinée francophone depuis 40 ans. En 2006, Lewis Trondheim est lauréat du Grand Prix du festival International de la BD d’Angoulême. Prix le plus prestigieux de l’espace européen, il récompense une carrière au service de la Bande Dessinée. Consécration symbolique de toute une génération.

Un Japon tout en contraste

Jamais aussi fort…

Porté par des œuvres prestigieuses (Akira, Lone Wolf and Cub), les séries télévisées (Chevaliers du Zodiaque, Ken le Survivant, City Hunter….) et le cinéma d’animation (Miyazaki, Takahata), le manga connait un véritable engouement à l’extérieur du Japon. Représentant jusqu’à 40% de l’édition française au milieu des années 2000, c’est une véritable vague en France. Du côté des créateurs, les mangakas des années 1990-2000 s’appuient sur leur grande connaissance de l’histoire du média. La plupart ont été formés en tant qu’assistant dans les ateliers de leurs maîtres. Les acquis des anciens sont donc intégrés. Ils proposent des univers créatifs se situant entre Story Manga (Tezuka) et Gekiga (Tastumi). Si ce dernier perd en importance (la revue Garô disparaît définitivement en 2002), son côté narratif extrêmement réaliste est très présent. A travers des mangas dont le style graphique et la narration sont très éloignés de la majorité des productions commerciales japonaises, Taiyou Matsumoto développe un univers original, onirique et étrange Chronique urbaine entre folie et violence, Amer Béton est une œuvre majeure de 1993. En faisant de la ville (Takara), un personnage presque à part entière de son histoire, il propose une relecture de l’espace urbain entre yakuzas, petits voyou et grands espoirs. En 1995, Naoki Urasawa publie Monster, thriller mettant en scène un jeune tueur en série poursuivi par le chirurgien qu’il l’a sauvé des années plus tôt. Particulièrement sombre, ce road-movie à travers l’Allemagne (ou se passe l’action) met en avant un jeu psychologique pervers, joue sur les codes sociaux, la politique et l’histoire. En 1997, Kiriko Nananan publie Blue. Issue du magazine d’avant-garde Garô, cette mangaka au pseudonyme énigmatique traite des tourments de la jeunesse japonaise. Dans Blue, elle raconte la relation homosexuelle entre deux lycéennes. Son dessin est à l’opposé des standards habituels. Un trait fin en noir et blanc dans une composition extrêmement épurée rappelle des éléments de calligraphie japonaise. En 2000, Ai Yazawa publie Nana. Considéré comme un shojo (manga pour adolescente) cette série racontant l’amitié entre deux jeunes adultes japonaises et aborde des sujets particulièrement sombres comme la drogue, le viol, l’inceste, la sexualité. Elle est particulièrement représentative de l’influence du gekiga dans l’histoire du manga japonais. En France, malgré des critiques sur un dessin pauvre et des contenus violents/sexuellement explicites rarement justifiés, le manga commence à connaître une reconnaissance artistique. Outre des passeurs comme Frédéric Boilet qui fonde le mouvement de la Nouvelle Manga, des collaborations entre auteurs français et japonais (Taniguchi/Moebius, Morvan/Terada), des mangakas reçoivent des prix au FIBD d’Angoulême dès les années 2000. En janvier 2015, sous une certaine pression publique, Katsuhiro Otomo est élu grand prix du festival d’Angoulême.

… mais toujours plus fragile

Depuis 2003, le Japon dresse le constat d’un net ralentissement des ventes de manga. Le fameux modèle japonais reposant sur une forte implication des maisons d’éditions dans le processus des séries grands publics met à mal la création. Ces éditeurs professionnels qui étaient des amateurs sont remplacés par de jeunes et brillants commerciaux moins au fait du manga. Ainsi, beaucoup de manga reprennent des références anciennes et ne proposent pas de renouvellement à l’image de ce qui s’est fait dans les années 80. Et n’oublions pas les « modes » qui produisent des séries clones (exemple avec la mode vampire dans le Shojo). Autre explication, essentielle de notre point de vue, la relative disparition du secteur alternatif. Depuis l’arrêt de la publication de Garô en 2002, le magazine d’avant-garde Ikki peine à décoller (30000 exemplaires seulement). Le manga alternatif, zone de renouvellement de la création, n’est donc plus aussi influent que dans les années 1960-1980. De plus, à l’image de la lecture dans son ensemble, le manga subit la concurrence des autres loisirs culturels (jeux vidéo, internet…) malgré le développement de la lecture de manga sur smartphones. En France, l’édition rattrape peu à peu son retard sur l’édition japonaise… tout en négligeant encore une partie des publications plus confidentielles de la production. Et les super-héros américains, qui ont été les grands perdants des années 2000-2010, reviennent en force par l’intermédiaire du cinéma.

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