En 2006, une quasi-inconnue sort un petit bouquin qui va faire du bruit bien au-delà du petit monde parfois anonyme de la bande dessinée. Avec Fraise et Chocolat, premier et deuxième volume, la jeune Aurélia Aurita connaît alors les joies du buzz, les flots d’interviews et de sollicitations… Bref, les joies du fameux quart d’heure de gloire que les auteurs craignent et rêvent à la fois. En 2009, elle revient sur cette période dans un nouveau livre : Buzz-moi. Tout un programme.

Parle-moi d’amour

Pour bien comprendre la genèse de Buzz-moi, il faut un peu revenir sur l’épisode Fraise et Chocolat. Pour ceux qui s’en souviennent, ce livre a été une tempête à l’époque. Dans ces deux livres, Aurélia Aurita parlait de sa relation avec Frédéric Boilet, auteur, éditeur, penseur de la Nouvelle Manga en France. Bon, vous allez me dire sur un ton sarcastique  : chouette, un auteur qui nous raconte sa vie !

Cependant, Fraise et Chocolat aborde le rapport amoureux du point de vue sexuel. Attention, je n’ai pas dit pornographique. Même si les scènes sont osées, l’angle n’est pas voyeuriste. D’ailleurs, il vaut mieux lire un bon vieux Manara si vous voulez vous chauffer avec ce genre de bande dessinée. Le dessin d’Aurélia Aurita n’étant pas un modèle de belles proportions et de réalisme outrancier.

Non, cet album parle bien d’amour, de la relation de couple. Comme elle le rappelle elle-même dans Buzz-moi, Fraise et Chocolat est une histoire pour dire « je t’aime ». Surprenant de bout en bout, choquant pour les âmes prudes, il se distingue par son approche décomplexé et je dirais presque révolutionnaire en BD – en tout cas en BD européenne car des auteures japonaises de ladies comics comme Mari Okazaki ont déjà marqué leur époque. Le fait qu’il soit écrit par une jeune femme a renforcé encore le message. Depuis, elles sont quelque unes à avoir pris le relais. Sans même parler du renouveau de la BD érotique. Mais revenons à nos moutons.

Buzz-moi ou l’art de gérer…

Donc Buzz-moi parle de cette période un peu incroyable vécue par l’auteure.  Elle raconte sa relation à la presse écrite et télévisuelle, lance quelques anecdotes sympathiques mettant en lumière quelques personnalités célèbres, montre les pratiques douteuses de certains journalistes culturels (ou non). Bref, c’est la tempête médiatique et la folie afférente. Elle ne l’a pas cherché, pourtant elle la trouve.

On y retrouve les mêmes formules que dans ses précédents livres : une forme de recueil de souvenirs s’ajoutant les uns à la suite des autres. Dans ces saynètes successives, l’action passé est vécue et dessinée tandis que la « voix off » – la voix présente de l’auteure elle-même – commente avec un certain recul son propre vécu. D’un côté le dessin est simple, parfois naïf ou caricatural, de l’autre, l’écriture est fine, souvent drôle et acide, parfois ambigüe. On ressent chez Aurélia Aurita une vraie recherche de sincérité. Elle assume complètement sa subjectivité et sa sensibilité. En tout cas, si ce n’est pas le cas, elle est encore plus doué que je ne l’imaginais.

Bon, la limite de ce genre de récit reste toujours un peu le même. Buzz-moi présente sans aucun doute moins d’intérêt pour ceux qui n’auront pas vraiment adhérer au propos de Fraise ou Chocolat ou même de  Je ne verrais pas Okinawa, autre très bon album d’Aurélia Aurita. Car il présente tout de même une autre facette du monde de la bande dessinée et des médias. Cet album a l’avantage de donner des éléments de réflexion sur la notion de célébrité, de sa gestion, des milieux culturels, des médias. Cependant, avec toute la modestie de l’auteure, il reste au niveau de l’expérience personnelle. L’auteur ne nous livre pas un essai. Autant Fraise et Chocolat pouvait parler au plus grand nombre, autant celui-ci reste du domaine de l’anecdote. Il n’en reste cependant pas moins intéressant à découvrir, histoire de prolonger un peu l’aventure.

A lire : l’article de du9 sur Fraise et Chocolat
A découvrir : des extraits sur le site des Impressions Nouvelles
Souvenez-vous : le buzz, on connait aussi sur IDDBD

Buzz-moi (one shot)
Scénario et dessins : Aurélia Aurita
Éditions : Les Impressions Nouvelles, 2009 (15€)
Public : Adultes

Pour les bibliothécaires : un bon album, un peu anecdotique. A conseiller si vos lecteurs se sont arrachés Fraise et Chocolat.

 

L’interview d’Aurélia Aurita sur France Inter


France Inter – Aurelia Aurita par franceinter

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