… où l’on découvre les événements érotico-amoureux (et surtout foireux) d’un lémurien et de son groupe d’amis, trentenaires et urbains évidemment…

En 2008, Fabrice Tarrin connaît le succès public avec Le Journal d’un Lémurien, forme papier du Tarrinblog ouvert depuis 2006. Dans ce dernier, il se représente sous la forme de ce petit primate sympathique et puise l’inspiration dans sa vie personnelle, ses souvenirs et sa vie amoureuse (tumultueuse déjà).

Pourtant, à la différence de Laurel, Margaux Mottin ou Pénélope Bagieu – j’exclus Boulet de cette liste car il dessinait déjà des séries avant bouletcorp Fabrice Tarrin n’est pas tout à fait issu de la génération blog. En effet, en 1991, il participe à l’atelier Nawak et fonde l’atelier des Vosges. Pour celles et ceux qui ne connaîtrait pas, disons simplement que les cofondateurs s’appellent Emmanuel Guibert, Joann Sfar, Emile Bravo… En fait, c’est l’un de lieu de création mythique de la Nouvelle BD dont on a tant parlé à la fin des années 90. A l’époque, Fabrice Tarrin est jeune mais il est présent dans le petit monde de la BD. Depuis, il a travaillé avec Tronchet ou, pour une reprise de Spirou, avec Yann. Des auteurs qu’on ne peut pas vraiment classer dans la Nouvelle BD ni dans la blog génération, celle des auteurs nés avec une souris et une tablette graphique.

Alors entre les deux Fabrice Tarrin ? Oui et non. Non car son travail sur cet album est véritablement marqué par la génération web : histoires courtes, dynamiques, pas ou peu de cases, composition minimaliste. Oui car on sent l’influence de ses glorieux aînés. Il est un grand fan du travail de Franquin (sur Spirou notamment). Son dessin, sans arriver au niveau de détails du maître, est très précis. Les décors, et en particulier les scènes extérieures sont particulièrement réussis. Cela lui permet de gérer ses personnages anthropomorphiques avec une réelle liberté. On y croit parce que tout n’est pas dans la caricature. Bref, l’esprit ligne claire hérité d’Hergé mais surtout de la BD belge des années 70-80 (les auteurs Dupuis surtout).

Sorti du constat des influences, on passe au contenu de ce livre intitulé sobrement Sexe, Amour et déconfiture… Tout est dans le titre. Ça parle de sexe évidemment mais pas seulement. Notre héros recherche l’âme sœur, les bons et les mauvais coups… du sort. Pour raconter tout ça, il garde une formule qui marche et s’inspire de ces expériences personnelles et de celles de ses amis, d’ailleurs la première planche est un remerciement général.

Ensuite, faut-il chercher un propos plus tenu ? Pas vraiment et l’idée n’est pas là. Sexe, amour et déconfiture est totalement dépourvu de profondeur. Ici, nous sommes dans de l’humour simple et direct. C’est un choix honorable, le seul but de ce livre étant de faire rire. Malheureusement, Fabrice Tarrin n’évite pas toujours les clichés du genre et du thème : le copain dominé par sa femme, la pimbêche, celle qui refile des trucs pas clairs, la mytho, le mauvais plan internet… Bon, pas de grandes surprises… mais on sourit et le but est atteint. Honnêtement, je n’ai pas franchement éclaté de rire comme j’ai pu le faire parfois avec Boulet par exemple. Mais cet album est plaisant, se lit très vite. De là à dire qu’il est passionnant. Non, pas vraiment. Nous ne sommes pas devant un monument de l’humour.

Pourtant, j’ai une pointe de regret en fermant ce livre. Malgré le sujet, nous restons dans un politiquement correct où l’autodérision ne dérangera personne. C’est gentil, parfois mignon mais jamais vraiment cruel. Et pourtant, ce sujet est propice à de belles situations ! Personnellement, les choses qui me font rire, de l’absurdité acide d’un Plageman à la poésie d’un Macanudo de Liniers en passant bien entendu par le Franquin morbide des Idées Noires ou le Franquin artiste de la blague dans Gaston, sont vraiment éloignées de cette forme d’humour. Et puis, il y a toujours ce côté agaçant du trentenaire célibataire urbain etc… A croire que cette génération d’auteurs a dû mal à sortir de ces histoires.

Pour conclure, Sexe, amour et déconfiture est un album pour faire rire dans les chaumières. Même si le sujet ne s’y prête guère, nous sommes ici dans un style d’humour familial. Ça ne vous rendra pas plus intelligent, ça vous confortera dans vos idées reçues mais ça ne fait de mal à personnes. Bref, (tiens d’ailleurs ça me fait penser à la série – que j’adore d’ailleurs – de Canal) un album qui plaira aux amateurs d’humour gentil et un peu coquin. Bon, il faut aimer les animaux mais après ça ne me regarde plus… Moi ici, je parle de BDs.

Sexe, amour et déconfiture (one-shot)
scénario et dessins : Fabrice Tarrin
Editions : Marabulles, 2012

Public : Adultes, grands ados
Pour les bibliothécaires : Dispensable à mon avis.

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